Quand tu passes la moitié de ta courte vie à vivre dans un bronx, ou autrement un endroit totalement pourri, tu t'endurcis rapidement. D'abord, enfant tu te cache des grands, ils te font peur et puis tu t'habitues à leur présence et tu vas vivre au milieu de ces même grands. Ils t'apprennent la vie selon eux, les bases de la survie et rapidement tu deviens impulsif. Tu ne te laisse plus marcher sur les pieds à à peine huit ans, huit ans si c'est pas minable. Et pourtant t'es comme ça depuis cet âge là, tu traîne dans les rues, tu joue, tu te retrouve bien assez souvent mêler à des embrouilles, desquels tu arrive à te sortir assez facilement. T'es pas du genre à crier à l'aide, non si t'as un problème qu'il soit grave ou non tu le résoudra seul, peu importe combien de temps ça doit te prendre. Et plus tu grandis et plus tu apprends. Tu commence à avoir une espèce de bande de pote et tu délire, tu sors dans des bars ou autre. Tu vis au jour le jour sans jamais te casser la tête. T'as toujours été comme ça. A première vue on pourrait presque croire que t'es un rigolo, que t'as rien dans le ventre, juste parce que t'es de petite taille. Alors qu'en réalité t'es quelqu'un de sérieux, tu prends pas les choses à la légère en dehors des cours c'est bien pour ça que tu n'y vas plus. Tu sais délirer de toute évidence et c'est une des choses que tu fais assez souvent, délirer. Comme t'as choisis de vivre au jour le jour tu va tester tes limites toujours, tu ne recules jamais devant un défi ou un obstacle. Et surtout, ton jeu favoris c'est de provoquer les gens, de voir comment ils réagissent, t'évites quand même de chercher les embrouilles à l'heure actuelle tu estimes que t'as eu assez d'emmerdes durant ton enfance. T'as une certaine haine envers les forces de l'ordre, tu fais toujours tout pour les emmerder sans jamais te faire prendre et tu y prends un malin plaisir. Un cœur de pierre, pas vraiment non. T'as aussi un côté que très peu de personnes connaissent, un côté protecteur, tu n'es pas du genre à étaler tes sentiments ou a montrer précisément ce que tu ressent quand tu le ressent mais ça ne change pas le fait que tu les ressentent. Sans pour autant te montrer froid envers les autres tu ne leur dévoile pas non plus ce côté presque bisounours et gamin de ta personnalité, notons tout de même que t'as des moments ou tu fais bien le con peu importe la personne avec qui tu te trouves. La seule personne qui connaisse cette partie pour le moment n'est autre que ton meilleur ami. Si jamais il devait t'arriver de t'attacher à quelqu'un, ce que tu évite de faire trop rapidement, tu deviens vite protecteur et tu fais attention à cette personne. Les personnes qui te sont chères sont tout ce qu'il te reste alors tu en prends soin, tu serais prêt à tout pour eux, mais ça eux même ne le savent pas.

Imagine.. Tu te ballades dans la rue, tu n'as que cinq ans mais tu traîne déjà dehors, et les seuls mots que l'on te balance à la figure sont « Bâtard » ou « T'es juste une erreur » ou bien encore « Ta mère c'est juste une chienne » et tu en passes.. Et toi, tu ne les comprends pas si bien que ça, pourquoi est ce qu'on te dit tout ça en plus, tu n'as rien demandé à personne, ta mère n'est pas une chienne c'est un être humain comme tout le monde n'est ce pas ? Du moins c'est ce que tu crois et tu y crois tellement fort que ces mots te blessent, ils te blessent au plus profond de toi. Alors tu fond en larme, le petit être que tu es pleure en rentrant chez lui. Et en arrivant tu vois un inconnu sortir de chez toi, et ce n'est pas le premier que tu croises. Et tu vois ta mère qui te regarde d'un air interrogateur, elle te demande ce qu'il t'arrive, pourquoi est ce que tu pleure encore et encore, et toi tu la fixe toujours les yeux emplis de larmes et tu lui demande « Dis maman.. hein que t'es pas une chienne ? Hein que je suis pas une erreur ? Et c'est quoi un bâtard ? ». Et pour la première fois tu vois ta mère triste, pourquoi ? Tu ne sais pas pourquoi elle est triste alors tu pense que c'est de ta faute, peut être que si tu n'avais pas existé elle ne serait pas triste ? Tu ne sais même pas qui est ton père, et tu ne veux pas le savoir à vrai dire. Ta mère s'avance vers toi pour te prendre dans ses bras et toi tu ne fais rien d'autre que pleurer. Ouais tu pleure encore, quel être faible tu fais. Mais tu n'as que cinq ans.

Et c'est à peine trois an plus tard que tu comprends tous ces mots, tous ces sous entendus, tu as compris oui. Ta mère se prostitue et il n'était pas prévu qu'elle tombe enceinte, pourtant c'est arrivé, tu es arrivé. Et elle t'aime tout de même, alors toi tu l'aime tout autant et quoiqu'elle fasse elle reste ta mère. Malgré tout tu ne comprends pas pourquoi elle a choisi ce métier là, pourquoi elle reste dans ce bronx alors que son pays natale est là Corée. Et elle t'explique qu'elle n'a pas suffisamment d'argent pour vous ramener tous les deux, elle te propose alors de te payer le voyage pour que tu rentre chez toi, chez tes grands parents qui ne connaissent même pas ton existence. Et tu refuses, tu ne veux pas la laisser, tu ne la laisseras pas tomber. Tu n'es qu'un enfant et pourtant en huit ans tu as apprit tellement de chose. C'est là que tu rentre dans une espèce de bande de voyous avec lesquels tu t'entend bien , ils te prennent sous leur aile, et ils respectent ta mère, c'est un peu la mère de tout le monde au final. Et tu grandis dans ce milieu, vol, délinquance, prostitution, danse de rue et cours à la maison quand ta mère est libre, parce que t'es pas juste un petit con. Mais tu t'es habitué à cette vie. Quelques année plus tard arrive un nouveau, il a le même âge que toi, et vous vous en entendez rapidement bien. Vous êtes liés comme les doigts de la mains et vous faites les pires coups ensembles. Quelques années plus tard il s'en va et tu te retrouve seul.

Tu n'as que vingt et un ans et ta mère vient de se pendre dans sa chambre, c'est toi qui l'a retrouvé un matin. Tu sais pourquoi elle l'a fait et tu la comprends mais tu lui en veux, oui tu lui en veux de t'avoir abandonné. Elle n'avait pas le droit de te faire ça, la seule chose qu'il te reste ? Un mot, un simple petit mot qu'elle a dut griffonner avant de commettre l'irréparable. « Mon fils, maintenant que je ne te retiens plus ici tu peux t'en aller. Vas, retournes dans notre pays d'origine, vois comme il est beau comparé à cet endroit, offre toi une vie digne de toi. Vis pour moi, je serais toujours là, quelque part. N'ai plus peur pour moi. J'ai toujours été fière de toi, mon enfant. » Voilà, rien de plus. En dessous de ce mot, se trouve cet argent qu'elle a économiser pour toi. Tu décides alors de partir là bas, tu verras bien quelle vie tu auras n'est ce pas. Alors tu pars et tu arrive dans cette ville dans laquelle tu n'es qu'un étranger. Mais tu trouve rapidement ta place, tu trouves un travail, ce que tu fais ? Tu donne des cours d'anglais a une gosse de riche, tu n'as peut être pas de diplôme mais tu parle américain couramment, et grâce à ta mère tu as eu une assez bonne culture, même si à côté t'as fait pas mal de conneries. En dehors de ce « métier », tu danse, beaucoup, dans la rue avec les jeunes ou pas.. ou tu squatte avec tes amis. Et puis t'es aussi serveur dans un bar, quand on a besoin d'argent on a besoin d'argent.

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