« - Vous n'aviez donc aucun moyen de sortir avant cet âge-ci ? demanda la belle métisse à son interlocuteur.
- C 'est exact.., répondit-il.
- Et quelle est la première chose que vous avez fait quand vous avez réussis à vous en aller ? »

Les yeux de l'homme dérivèrent vers la gauche de Mi Ran, ses sourcils se tirèrent légèrement vers le haut. Il fit mine de réflechir, comme si ses souvenirs étaient confus. Mais elle savait déjà que ce qui allait sortir de sa bouche allait être un mensonge, comme la plupart des « anecdotes » qu'il lui a dit le long de la conversation. Il enchaînait bobards sur bobards, assit sur son lit, le dos voûté. Depuis tout à l'heure il lui raconte que son père – après le décès de sa mère – le gardait enfermé sans le faire sortir une seule fois. Ca aurait pu être vrai. Mais ca ne l'était pas. Kim Dong Chul était enfermé pour avoir essayer de voler une jeune étudiante avant de l'avoir assommé jusqu'à qu'elle passe l'arme à gauche. Apparemment c'était assez répugnant à voir, il n'y était pas aller de main morte. Il lui avait explosé le crane avec un marteau et on comptait une quinzaine de coups tous aussi violents. Il ne parlait pas beaucoup et on ne savait toujours pas pourquoi il avait fait ça. On savait juste que c'était un homme qui avait trente huit ans, employé à la banque. Ses collègues l'avaient décrit comme sérieux, amicale et calme. Rien qui portait à croire que c'était quelqu'un d'assez impulsif et déjanté pour venir tuer une jeune fille chez elle.
Le prisonnier allait ouvrir la bouche pour répondre mais la criminologue se leva de sa chaise et prit son sac à main en le regardant doucement.

« - Monsieur Kim ca sera tout pour aujourd'hui, je vous remercie. Mais j'avoue qu'un peu de coopération serait la bienvenue. »

Elle le salua d'un signe de tête alors qu'il se pinçait les lèvres puis s'avança vers les barreaux de la cellule avant qu'on vienne lui ouvrir. Mi Ran quitta la prison en longeant les couloirs, se faisant siffler par quelques détenus détraqués. Elle restait de marbre, comme toujours. Il faut dire qu'ils ne voient pas de femmes tout les jours. Enfin, elle rejoint les policiers qui l'attendaient.

« - Alors ? Demanda l'un des deux.
- Alors je n'ai pas réussit à tirer un mot de vrai de cet homme, conlut-elle en mettant ses gants en cuir.
- Je vois. Merci, Mademoiselle Mang nous vous appelleront. »

Elle leur adressa un sourire poli puis se dirigea vers sa voiture ses talons raisonnant sur le marbre et son trench beige volant derrière son dos. Il faisait frais, le soir était déjà là : 21H25, c'était l'heure qu'indiquait l’horloge de la voiture. C'était assez inhabituel qu'elle finisse à cette heure ci voir même rare. Mais bon cela ne la dérangeait pas véritablement. Après tout ce n'est pas comme si elle était couchée à cette heure ci. D'ailleurs elle n'allait pas rentrer directement, un café serait le bienvenue. Mi Ran mit alors les clefs sur le contact puis démarra en s'attachant pour rouler en direction du port. A un feu elle ouvrit la fenêtre pour laisser la brise la rafraîchir, cela compensait la chaleur de la journée.
Incheon était une grande ville et quelque soit l'heure elle était active. Ainsi on pouvait voir plusieurs voitures rouler sur les routes, plusieurs lieux publics encore ouverts et on pouvait entendre ce bruit que l'on retrouves dans toutes les villes assez grandes, qui vous indique que tout était bel et bien vivant.

Une fois garée elle ferma toute les portières ainsi que le coffre puis marcha jusqu'à un café. On entendait encore les mouettes pousser leurs cris pour nous rappeler le lieu dans lequel on se trouvait. Le port n'était pas seulement le croisement de l'import export, où l'on ne trouvait que des bateaux divers et variés. Il y avait les cafés et restaurants mais l'endroit que Mi Ran affectionnait le plus ici c'était le salon de thé qu'il y avait à côté d'un magasin de vêtements en lin. Il y avait une jolie terrasse qui avait été placée au bord du port, il lui était très agréable de venir ici. Alors elle s'installa à la terasse sur une de ces chaises en metal puis enleva ses gants en cuir en les posant sur la table. Un serveur vint gentiment la voir pour prendre commande pour ensuite repartir. Elle choisit un thé blanc le «Le Yin Zhen » sans sucre. Elle n'aimait pas boire le thé avec du sucre. Le thé blanc est principalement créée en Chine, cela lui rappelait quelques vagues souvenirs. D'ailleurs en ce moment elle se demandais si il ne fallait pas qu'elle retourne dans son pays natale à Shangaï. Pourquoi n'y est elle pas allée avant ? La jolie brune n'avait personne là-bas. Elle n'avait pas eu le temps de connaître qui que ce soit comme il se doit. Même son père. Il devait être remarié. Ou bien mort, qui sait. C'était un peu comme sa mère elle n'avait aucune nouvelle d'elle, même si elle n'en donnait pas non plus. De toute façon cela lui importait peu et en ce qui concerne son père il risquerait d'être déçu de sa fille comme il a été déçu de son ex épouse. Vraiment, il faudrait qu'elle y réfléchisse un peu mieux. La Chine lui est attractive par moment il va falloir qu'elle prenne une décision à un moment.
Le serveur finit par revenir avec sa tasse en porcelaine en lui adressant un beau sourire et retourna en salle. Mi Ran porta la tasse à ses lèvres en soufflant légèrement dessus puis tourna la tête vers l'eau en soupirant légèrement.
Elle entendit des pas derrière elle alors qu'elle but une gorgée de sa boisson Une personne était posté juste à côté d'elle debout, à présent. Tout en s'alluma une cigarette en regarda devant elle et dit :

« - Tiens, tu n'es pas avec tes trésors ce soir ? »

Quel ennui. Je ne savais pas quoi faire de ma journée, je ne travaillais pas et personne n'était libre pour sortir. Il devait être dix-neuf heures passés. Je m'étais réveillé ... non c'est vrai, je dormais encore et encore. En fait, j'avais passé la journée dans mon lit à deux places. J'avais beau me lever mais ma fainéantise reprenait vite le dessus et m'obligeait à rester cloîtrer dans mon lit. Les écouteurs dans les oreilles, je repassais en boucle les quelques musiques d'un pianiste que j'avais, histoire de décompresser et pouvoir rejoindre mes songes les plus fous. Je décidais d'ouvrir les yeux et de porter toute attention vers la porte de ma chambre. J'étais là, presque comme un mort vivant, comme si le malheur du monde s'était abattu sur mes épaules. Je me disais qu'il fallait sans doute ou plutôt impérativement que je me lève et que j'aille respirer l'air frais d'Incheon, ville depuis peu surveillée due à une série de meurtre non élucidée. Je sortis de ma chambre avec mon paquet de clope, en pyjama ou plutôt en boxer et me dirigea vers le balcon. Petite clope du soir une fois terminée, je me mis à crier le nom de ma soeur. Lorsque je l'appelle elle se doit de répondre. Après maintes reprises avec pour seule réponse un long silence, je décidais d'entrer par ' effraction' dans sa chambre en poussant la porte le plus violemment possible, histoire de faire plein de bruit pour l'emmerder. Bien évidemment elle n'y était pas, elle devait certainement travailler. Soupirant un coup je partis donc me laver et faire tout ce qui suit par la suite.

Sans aucune destination précise, je pris ma voiture et commençais à faire le tour de la ville, seul avec une autre clope au bec. Je mis en route encore une fois, la même playlist que celle que j'écoutais lorsque j'étais sur mon lit. Passionnant n'est-ce pas ? A cet instant, j'espérais tout simplement faire une rencontre et ce, n'importe laquelle ! Même si je tombais sur mon pire ennemi, je serai un des plus heureux. Pourvu que Dieu soit avec moi et m'aide à tuer cet abominable ennui qui me tue depuis ce matin. Soudainement, sans m'en rendre compte, je m'étais retrouvé près de la plage. Allais-je y faire un tour ? Bien sûr que non. Avoir du sable dans les chaussures, pour qu'ensuite il vienne se faufiler entre vos pieds, no way. C'est pourquoi, je continuais à rouler jusqu'à arriver au port, non loin de la plage. J'étais fatigué et cela se voyait. Certes, je n'avais rien foutu de ma journée, mais ne croyais pas que rester clouer sur son lit ne fatigue pas. Lorsque vous passez votre temps à dormir, vous vous sentez toujours aussi faible et vous n'avez qu'une seule envie qui se répète sans cesse : dormir. J'étais donc en train de marcher le long du port tout en m'étirant de tout les côtés. De loin, on aurait pu me confondre avec ces vieux que vous voyez dans les rues, tôt le matin, en train de s'étirer dans tout les sens pour garder la pêche. Mains dans les poches, je vis près de moi un salon de thé, avec une jeune femme de dos assise sur la terrasse. Elle semblait être assez grande et élégante. Comment je le sais ? Chut, les filles ça me connaît. J'en ai fais mon métier, si on veut. Je la vis tourner légèrement sa tête sans doute pour regarder l'eau. J'ai pu apercevoir pendant un court instant son visage, je savais qui c'était. Je m'approchais donc d'elle, jusqu'à me mettre à côté d'elle, debout. À l'entente de sa phrase, elle semblait savoir qui j'étais ce qui me fit légèrement sourire. « et toi alors, tu n'es pas en train d'examiner tes petits fous ? ». Comme je le voulais au départ, c'est-à-dire faire une rencontre avec quiconque, je décidais de m'installer sur la chaise en face d'elle. Comme toujours, je pris la posture habituelle, une jambes sur l'autre, les bras croisés, la tête légèrement baissé sur le côté. « ça te dérange si je reste là ? » À vrai dire, je m'en foutais si cela devait la déranger ou non. J'étais installé et c'était déjà trop tard. Encore sur le coup de la fatigue, je mis à bailler discrètement à plusieurs reprises.

« et toi alors, tu n'es pas en train d'examiner tes petits fous ? »

Quelle répartie déroutante, décidément. Cela la fit sourire, mais elle ne leva pas les yeux pour autant. Un grand nuage de nicotine blanc s'échappa d'entre ses lèvres rouge tout doucement pour ensuite disparaître dans la l'obscurité. Il faisait nuit noir à Incheon, pas une seule étoile dans le ciel. On aurait dit que de l'ancre flottait au dessus vos tête. Aussi, si les lumières de la ville n'étaient pas là, il serait assez difficile de faire ne serait ce que deux pas. Ca restait un fait assez troublant quand on y réfléchissait bien.
Un bruit de chaise fit sortir Mi Ran de ses brèves pensées ; tu venais de t'installer en face d'elle. Oh tu eus la politesse de lui demander bien évidemment, mais à quoi bon répondre elle savait fichtrement bien que ça n'était pas nécessaire, ça serait perdre de l’énergie pour rien. Et puis, cela ne la dérangeait pas tant que ça en réalité.
Finalement, vos regards se croisèrent et restèrent accrochés pendant une certaine durée. Puis Mi Ran entreprit de parler après t'avoir vu bailler.

« -Fatiguant de ne rien faire ? »

Elle eut un léger sourire en te regardant. Pas moqueur, juste légèrement amusé. Malgré « l'emploi » que tu occupait, Mi Ran t’appréciait assez, tout comme ta sœur. Vous n'étiez pas si différents ce qui débouchait sur une bonne entente. Cela ne changeait rien au fait que la criminologue était ce qu'elle était. Mais ça vous le saviez tout les deux.

Elle finit sa tasse de thé en peu de temps, bien qu'elle l'avait savourée. C'était quelqu'un de pressé dans tout ce qu'elle faisait. Quand elle mangeait, quand elle se préparait, quand elle travaillait. Enfin non, dans le travail-même – quand il s'agit de parler avec les criminels – elle était calme et faisait très attention à chaque détails, réfléchissait bien. Ceci dit même si elle faisait les choses rapidement elle les faisait bien ce qui tournait à son avantage bien entendu. Mi Ran avait étrangement été habituée à être dans le « speed ». Mais pas dans le mauvais speed qui vous rend stressé comme pas possible ou mal. Plutôt le speed qui vous permet de vous dire « une fois que j'ai terminé tout cela je peux enfin passer à autre chose. » En ce qui la concernait, faire les choses vite signifiait pouvoir les terminer plus vite et donc économiser du temps. Le temps était très important. Elle savait comment le dépenser, savait qu'il ne fallait pas en perdre. Oui cela était important. Vu qu'elle le gérait très bien cela faisait d'elle une femme épanouie.

Que le silence étaient agréable. Seul l'eau et les oiseaux semblaient animer le coin. Il faut dire que quand elle était au centre de police c'était assez animé. Car oui il fallait qu'elle y passe pour donner certain de ses comptes rendus. C'était même plus calme à la prison, amusant n'est ce pas ? Là-bas on avait le speed négatif. Incheon était une grande ville et il y avait beaucoup à faire « malheureusement. » Des coups de téléphones par ci, des interrogatoires par là, des dossiers à étudier.. dont les siens supposait-elle. On pouvait dire qu'ils étaient occupés et stressés. Malgré tout cela ils faisaient plutôt bien leur travail. Ce n'était pas comme dans certaines villes où on avait tellement peur de faire face aux problèmes – peur tout court – que l'on ne faisait rien. Ici on faisait tout ce qui était en son pouvoir pour que la sérénité règne. Et ça marchait plutôt bien, au moins on était tranquille. Enfin tranquille. Assez tranquille. Assez pour pouvoir marcher dans la rue sans se faire ennuyer. C'est une chose normale, vous dîtes. Certes. Mais sachez que dans certaines villes, qu'elles soient coréennes ou non, l'ambiance peut s'avérer être plus ou moins morbide, glauque. Et les ennuis peuvent aussi arriver très vite. On a tendance à croire que cela arrive la plupart du temps dans les grandes villes mais non. Vivre dans une petite ville, un petit village et ne pas en sortir cela peut rendre violent. Les habitants restent entre eux, on leur met une supérette, une école ou deux, quelques magasins etc.,... En bref de quoi subsister, le nécessaire pour faire en sorte de ne pas aller voir ailleurs et de rester là où on est. Car après tout, pourquoi sortir de tout cela quand on est bien chez soi ? Le problème est que rester enfermer entraîne une réaction violente face à l'inconnu. Du moins, d'un point de vue général. Tout ceci peut paraître démesuré mais cela explique certaines choses tout de même.

Mi Ran sortit de ses brèves pensées quand le serveur vint voir Ian pour prendre son éventuelle commande.

« - Monsieur vous désirez boire quelque chose ? »