Cela faisait maintenant une bonne année que j’avais débarqué en Corée, plus précisément dans la ville d’Incheon où j’avais posé mes bagages. Et donc, cela faisait maintenant un an que j’habitais avec une très gentille, très jolie et très amusante colocataire, maniaque sur les bords et avec qui je répartissais les tâches ménagères. Comme chaque matin, en me levant, je m’étais rivé dans la cuisine pour me prendre un verre d’eau et ainsi, réveiller ma voix et hydrater ma gorge. Seulement, aujourd’hui n’était pas un jour comme les autres : j’étais de corvée. Effectivement, en baissant les yeux sur la table de la cuisine, j’avais pu voir un petit post-it sur lequel étaient marquées les différentes tâches que je devais effectuer avant ton retour.

« Passer l’aspirateur et la serpillère partout dans l’appartement, nettoyer la cuisinière, dépoussiérer les meubles, aller faire les courses...JE SUIS UNE SOUBRETTE OU QUOI ? » Avais-je déclaré à moi-même sur un ton grave et à la fois désespéré. J’avais reposé le petit bout de papier sur la table, avant de frotter mon visage entre mes mains et d’ensuite, lever les yeux vers la pendule qui était accrochée au mur. Il était onze et quarante minutes, j’étais dans le pétrin. Je n’avais plus une seconde pour rêvasser, pas le temps de prendre une douche, de me coiffer, de manger. Je m’étais directement rué dans ma chambre, en courant comme un détraqué, comme si mon destin en dépendait et j’étais sauté dans le premier jogging qui me venait, enfilant par la suite un t-shirt ample et des chaussettes. Une fois ceci fait, le vrai travail commençait.

C’était vers les coups de quinze heures que l’appartement brillait de mille feux. Il avait beau être petit, le travail qu’il y avait à faire dedans pour le rendre scintillant était énorme. De plus que je m’étais appliqué, parce que tu étais bien capable de venir fouiner et passer le bout de ton index contre les meubles pour voir si un grain de poussière ne restait pas. Mon estomac criait famine, je n’avais rien avalé depuis la veille à part un verre d’eau. J’étais retourné dans la cuisine, après avoir rangé l’aspirateur à sa place et j’avais barré, à l’aide d’un stylo qui se trouvait comme par magie dans ma poche, les tâches réalisées. Il ne manquait plus que les courses, dont la liste était accrochée par un aimant sur la porte du frigo. Je m’emparais du papier, le pliant et le fourrant bien au fond de ma poche, avant d’aller prendre de l’argent dans notre boîte commune, d’enfiler mes chaussures et de sortir de l’appartement, fermant bien la porte à clé derrière moi.

Il faisait beau aujourd’hui, pas un seul nuage en vue, et les températures étaient dignes d’un été. Je rêvais d’aller me poser dans le parc du coin, ou près du fleuve qui traversait la ville, seulement je n’avais pas le droit au repos et à la relaxation, pas maintenant. Le magasin se trouvait à quelques mètres d’ici, et c’était bien pratique d’avoir tout à porté de main. En moins de dix minutes, j’étais arrivé. La liste des courses en mains, je rajoutais au fur et à mesure les choses dont nous avions besoin, avant de passer à la caisse et de récupérer mes sacs rempli à ras bord et de sortir du magasin, pour retourner à l’appartement. J’avais eu l’occasion de jeter un coup d’œil à ma montre. J’avais passé du temps dans le centre commercial à cause du monde aux caisses, et du manque de personnel. De plus, maintenant avec du poids sur les bras, j’avançais beaucoup moins vite. Ah, quelle journée forte en émotion, j’espérais bien que mes efforts seraient payés comme ils se devaient de l’être.

Une fois arrivé devant l’appartement, j’avais monté d’un pas lourd et lent les marches qui menaient à notre palier. Je maudissais à ce moment là de ne pas habiter dans une maison, ou simplement de ne pas avoir d’ascenseur rien que pour monter au deuxième étage. M’enfin, ça me faisait faire du sport et il n’y avait rien de mieux pour rebondir les fesses, héhéhé. Mais revenons à nos moutons. J’étais arrivé devant notre porte. J’avais posé un des sacs parterre, le temps de sortir mes clés et de passer une de ces dernières dans la serrure. La porte était déjà ouverte, signe que tu étais déjà rentrée. J’avais légèrement soupiré, non pas parce que ça ne me faisait pas plaisir, mais seulement parce qu’un coup de pompe venait de me prendre. Je m’étais baissé pour reprendre mon sac, et j’étais rentré dans l’appartement, enlevant mes chaussures seulement à l'aide de mes pieds et clamant ma venue.

« Je suis de retouuuuuuur. » Et sur ces mots, j’allais dans le salon pour ensuite m’approcher de l’espèce de comptoir qui donnait sur la cuisine. D’ailleurs, tu étais assise non loin, sur l’une des chaises autour de la petite table de ladite pièce, et tu avais l’air super concentrée. Je m’étais glissé à côté de toi, mes mains se posant sur tes petites épaules alors que je déposais un bisou sur le haut de ta tête. Ne pouvant m’empêcher de lire par-dessus ton épaule, j’élucidais enfin le mystère de cette pression et de cette concentration qui flottaient dans l’air. Encore un article que tu devais rédiger avant un délais bien précis. Je retournais finalement à mes occupations : celles de ranger les courses et de nettoyer le peu de vaisselles qui se trouvait dans l’évier, et une fois ceci fait, je sortais deux verres dans lesquels je versais du jus de fruit. Je m’approchais de nouveau de la table, posant un des récipients devant toi, l’autre toujours dans ma main, et je m’asseyais sur la chaise à côté de toi.

« Comment c’était aujourd’hui ? Tu as passé une bonne journée ? » Te questionnais-je curieusement, avant de rajouter d’un air fière « J’ai fais tout ce que tu m’as demandé, puis j’ai même acheté tes bonbons préférés. »