Cette nuit-là était des plus lugubres, le ciel habillé de son drap noir, les nuages nuançant à ce fond tapissé par le peu d'étoiles visibles à cet instant. L'astre le plus présent brillait d'une lumière douce. Derrière un panneau de verre, deux émeraudes luisaient, observant ce magnifique spectacle, sa main parcourant toute la peau de son ventre. Un liquide translucide s'échappa des émeraudes. La réalité était plus cruelle que jamais pour la propriétaire des joyaux, elle logeait un inconnu en elle, il était censé la rendre plus heureuse, épanouie, mais il était responsable de sa solitude qui la rongeait. Dans un dernier souffle irrégulier, elle s'écroula sur son sofa, laissant son esprit s'échapper le temps d'une nuit, dans cette demeure encrée de son odeur et de sa présence.
Ce même ciel luisait aux yeux noirs de cette personne. Aucun regret n'était présent en elle, ses actes étaient pleinement réfléchis. Elle avait jeté sa dernière carte, le verdict était tombé, elle avait gagné. Le jeu était fini, deux ans après son commencement. Laissant ses paupières se refermer, elle visualisait tout ce qu'elle avait détruit sur son passage. Son dernier jouet avait fini comme tous les autres, érodé. Laissant sa vision revenir à l'instant présent, cette personne se tourna lentement vers son nouvel amusement, un sourire tendre pendu à ses lèvres.

La propriétaire des yeux d'émeraudes observait cette photographie qui se retrouvait entre ses mains. Sur ce morceau de papier, elle avait à ses côtés, un petit garçon, cramponné à son bras. Lentement, elle baissa les yeux dans sa direction. Il lui ressemblait tellement. Cette similitude lui donnait cette étrange impression de le revoir, un bon nombre d'années en moins. Malgré cela, elle ne délaissait pas son fils, bien qu'il soit en partie responsable de son départ, il faisait désormais sa fierté, sans oublier qu'il était tout ce qu'il lui restait de lui, cet homme qui ne voulait pas partir de son esprit. Il l'avait totalement détruite, et une fois encore, en repensant à ce briseur de cœur, sa vue se brouilla et deux rivières prirent place sur ses joues, les larmes retombant sur le visage de ce garçon souriant.
La porte légèrement entrouverte laissait apparaître une paire de pupilles observait cette scène. Leur propriétaire sentait son cœur se serrer. Ce spectacle, il le voyait tous les soirs, mais il lui faisait toujours le même effet. Il savait très bien pour cette femme pleurait, c'était pour son géniteur. Il ne pouvait s'empêche de sentir une grande haine envers lui pour la simple raison que sa mère sanglotait à chaque fois que la lune faisait son apparition.

Les nuages se reflétaient dans ses yeux, cette impression de voler lui flottait dans l'esprit. Fermant les yeux, le petit garçon, maintenant âgé de cinq ans, laissait cette impression de s'échapper et d'entrer dans son propre monde, dont il était le maître. Un large sourire fit son apparition sur son visage. Il se voyait dans les immenses cotons, les paupières battantes, puis une pression se fit sentir sur son poignet. La réalité fit alors irruption, les yeux grands ouverts, il se tourna vers la personne qui lui avait fait subir cette pression. « On retourne aux sources mon chéri. » Il hocha la tête avec un faible sourire puis se tourna vers la petite vitre. Le bruit du moteur arrivait alors à ses oreilles alors qu'il regardait les nuages filer sous ses yeux, si lourd. Il les ferma de nouveau, puis tout s'évapora. « Aaron, Aaron, Aaron. » Les yeux demi-clos, le dénommé Aaron regarda par la fenêtre, cette même voix qui l'avait réveillé revint à ses oreilles. « Nous sommes arrivés. » Frottant ses yeux à l'aide de ses doigts, il se leva, s'accrochant au bras de la détentrice de cette voix. « La Corée, beau pays n'est-ce pas ? »

Aaron cherchait la détente, échapper à la crise de larmes de sa mère, oublier, tout simplement. Il marchait, en compagnie de deux amis qui riaient aux éclats, alors que lui, entre les deux, n'affichait aucun signe de bonne humeur. Ils arrivèrent devant un jardin d'enfants, sans même se lancer un regard, ils s’arrêtèrent d'un pas commun, le regard rivé sur les balançoires. Le garçon de droite se risqua à lancer un regard à celui qui se trouvait à ses côtés. « Alors ... » fût le seul son qui sortit de sa bouche, ses lèvres avaient stoppé tout mouvent sans qu'il s'en rende compte lorsqu'il croisa le regard d'Aaron, non, il ne lui faisait pas peur, mais c'était ce regard de défi qu'il n'avait plus vu depuis un mois. Un demi-sourire apparut sur les lèvres du jeune homme de gauche.

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